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Mauvais plans… EPO, Ullrich, amphétamines
(lecture du journal l'Equipe du 04 juillet 2002 par J-P)*


Le cyclisme est maudit…l' Equipe du jeudi 04 juillet consacre en gros quatre articles au cyclisme, soit environ deux pages. Deux pages de…dopage. En fait, l'un des quatre ne parle pas spécialement de cyclisme mais des conclusions d'une étude scientifique sur les effets de l' EPO, qui reste, malgré les possibilités améliorées de détection, un fléau. Le problème, c'est que pour illustrer l'article, on nous montre, évidemment, un peloton cycliste avec un bel effet de zoom.

L'article concernant cette étude permet au moins de se rendre compte que les effets de l'EPO semblent plus nombreux que ceux qu'on lui prêtait de prime abord. On a longtemps mis en avant les effets de l'EPO sur l'oxygénation du sang, et seulement ces effets. Or, les résultats de l'étude, menée au sein de l'Université de Montpellier par l'équipe du Pr Audran, montre que cette hormone provoquerait aussi une augmentation de la libido (voir l'anecdote cocasse des copines de cobayes qui avaient hâte que l'étude s'arrête pour pouvoir récupérer!). Il s'avère aussi qu'un phénomène d'addiction (accoutumance, "accrochage") se produit avec l' EPO, alors qu'on croyait ce problème réservé à d'autres classes de produits. On est en train de se rendre compte que le traitement d'un sportif à l'EPO agit aussi sur les récepteurs de la dopamine, favorisant la libération de cette "hormone du plaisir". C'est la dopamine qui définit ce qu'on appelle communément le système de récompense. Lorsque ce système est stimulé par la prise de l'EPO, le consommateur a envie d'en reprendre pour retrouver les même sensations, voire d'augmenter les doses…

Bref, l'EPO produirait des effets similaires à certaines drogues à accoutumance, c'est bon à savoir!

L'article parle aussi du malaise qui s'est progressivement emparé des "cobayes humains" ayant suivi le protocole de l'expérience du Pr Audran. Certains d'entre eux ont commencé à angoisser en cours d'expérience. En effet, les effets de l'administration de l'EPO étaient tellement "positifs" (sensation d'aisance incroyable, impression qu'on n'a pas besoin de respirer en natation…), qu'ils ont commencé à avoir peur de ce qu'ils allaient ressentir lorsqu'il faudrait stopper l'expérience…peur de se sentir soudait dévalorisé, peur que le vent, qui semblait toujours souffler dans le dos en vélo, change soudain de sens!

Cela rejoint les aveux de certains dopés qui disaient, au moment de "l'affaire Festina" en 1998, que la "génération EPO" était perdue pour le cyclisme car elle était composée de coureurs n'ayant jamais appris à souffrir. Imaginons ce que ça peut donner en fin de carrière, quand il faut se retrousser les manches pour se reconvertir avec succès. Avouez que c'est un sacré paradoxe que de se retrouver avec une génération du cyclisme (le sport où on souffre par excellence) qui ne sait pas souffrir…

Une citation du Pr Audran résume bien ce que je veux dire: "L'EPO, pour des sportifs, c'est beaucoup plus que ce qu'on croit…". Et c'est sûrement beaucoup plus dangereux qu'on ne croit.

Heureusement, un ensemble de deux autres articles, plus petits et moins visibles, donne une lueur d'espoir en montrant que la méthode française de détection de l' EPO et des substances voisines progresse. On y apprend notamment que la plupart des nouveaux produits dits "plus performants" que l' EPO sont en fait facilement détectables. Mais sur la fin d'un article, on voit aussi poindre le risque de retour en force de la bonne vieille méthode de la transfusion sanguine, lourde à mettre en œuvre mais qui reste indétectable pour le moment, et sûrement pour longtemps.

L'autre gros titre, c'est la positivité de Jan Ullrich aux amphétamines. Voici un cycliste de plus qui s'empêtre dans des problèmes ruinant progressivement sa santé. Ullrich s'est révélé sur le Tour 1996, en épaulant plus qu'efficacement Bjärne Riis puisqu'il termina 2ème en se rapprochant dangereusement de son leader à l'issue du dernier contre la montre. Dans la foulée, il remporte nettement le Tour 1997. On lui prédit alors une domination d'au moins cinq ans sur les grandes épreuves à étapes. Las, dès l'hiver suivant, il a du mal à lutter contre une prise de poids excessive. Il termine néanmoins 2ème du "Tour" (ou de la parodie de Tour) 1998…derrière Pantani qu'on présente à ce moment là comme personnifiant un nouveau cyclisme!!!
Ensuite, chacun de ses débuts de saison le voit contrarié par des problèmes de surpoids et des inflammations tendineuses qu'on peut relier facilement à cette surcharge pondérale. À partir de là, sa carrière se poursuit plus en pointillés, avec quelques épisodes impressionnants, comme cette fin d'année 2000 et l'enchaînement Tour d'Espagne - champion olympique en ligne et vice-champion olympique du contre la montre. Mais les hivers sont toujours aussi difficiles, et cette année, les ennuis ne lâchent pas Ullrich, qui se voit contraint de subir une arthroscopie du genou droit le 28 mai dernier. Depuis les évènements se précipitent (ou le précipitent?): virée nocturne mal conclue le 30 avril, il renverse 3 cyclistes en sortant de boîte, l'analyse de sang indique un taux d'alcoolémie de 1,4g. Il prend 600000 € d'amende (2 mois de salaire). Il venait tout juste (24 avril) d'être blanchi par sa fédération en ce qui concerne les produits interdits trouvé dans ses valises lors du "blitz de San-Remo" du Giro 2001. Il sait qu'il ne fera pas le Tour de France. Selon Walter Godefroot, son coureur est en train de traverser une crise morale liée à ses déboires sportifs, et ça pourrait expliquer la prise d'amphétamines.

Ça pose la question de savoir jusqu'où on peut faire du sport sans franchir la barrière de l'équilibre, de la santé.


Que ce soit l'EPO qui rend euphorique et "surpuissant", ou la pression qui anéantit peu à peu un coureur, voilà une fois de plus posée la question de la bonne manière de faire du sport.
19ème siècle, acception initiale: "se désporter" signifiait se faire plaisir par la pratique physique. Il semble bien que le vrai plaisir soit celui qui reste perçu comme tel quand l'action est finie. Pas celui issu d'un effort au-delà des limites de son organisme
.


Ah, j'allais oublier…le dernier des quatre articles parle d'équipes ayant été repérer le parcours du prochain contre la montre par équipes du Tour, entre Epernay et Château-Thierry. Enfin du sport! Mais sur la photo, il pleut à seau…décidément!

Jean Paul Stephan
4 juillet 2002

 

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