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Cyclisme sur route : attention danger

par Jean Vautrin.

J'avais déjà lancé ce cri d'alarme il y a plus d'un an et il ne semble pas que la situation se soit améliorée. Ces dernières courses sur route qui se sont déroulées en Champagne Ardenne ont une fois de plus inquiété ceux qui aiment le cyclisme quand à l'existence de notre sport dans les dix ans qui viennent. En effet une participation parfois fantomatique est le reflet d'une mauvaise santé de notre sport qui n'arrive pas à faire face aux contraintes auxquelles il est soumis.

Allons à la rencontre des jeunes

En premier lieu la baisse inquiétante du nombre de licenciés dans les catégories jeunes ne donne pas de marge de sécurité. Elle est due à un changement de mentalité, voire de société. La désertification des zones rurales où se recrutaient la plupart de nos licenciés, l'attrait d'autres sports beaucoup moins pénibles, le vélo qui n'est plus un moyen de transport, sont autant de raisons à cette désaffection.
J'ai été frappé lors d'une sortie avec des enfants d'écoles primaires par l'émerveillement de ceux-ci devant mon vélo de route pourtant assez ordinaire : ils ne connaissent que le mauvais VTT made in Taiwan bon marché de mauvaise qualité et vite cassé acheté dans le supermarché du coin. Nous avons sans doute une "clientèle" potentielle importante, à nous de collaborer avec les conseiller pédagogiques et les enseignants qui font un travail remarquable bien souvent, et très proche de ce qui se pratique dans les écoles de cyclisme. Nous devons proposer une perspective "club" aux enfants qui font du vélo dans les écoles.

La difficulté d'organiser

La densification de la circulation complique également la tâche des organisateurs de courses qui ne peuvent pratiquement plus rien organiser en ville en raison de la nouvelle architecture des routes et de l'impossibilité d'en utiliser.
Il faut de plus en plus de signaleurs et le nombre de bénévoles (comme dans les autres sports...) se tarit. Nous sommes dans une société de consommation et le dévouement est une chose désormais rare.
L'avenir de nos courses cyclistes semble être dans les petites localités pour diverses raison : une population pour qui la course cycliste reste un événement et qui participe à la fête, des circuits souvent de qualité et faciles à sécuriser. Mais il y a un effet pervers : ces petites localités n'ont pas toujours les moyens de se payer une course cycliste.
Autre problème lié à l'organisation de courses cyclistes : leur coût. Une partie est liée aux contraintes de sécurité (signaleurs, ambulance, voire médecin...) et une autre partie à la taxation parfois exorbitante effectuée par la FFC, surtout sur les petites courses.
Certes c'est là une source de revenu institutionnelle de la Fédération, mais en demandant des droits que tous considèrent trop élevés, des organisations filent vers des fédérations affinitaires moins gourmandes.
C'est une mauvaise politique car au bout du compte la Fédé est obligée de taxer encore davantage des épreuves qui se raréfient, accélérant ainsi le mouvement de désaffection.

Les sans grade oubliés

Nous autres organisateurs sommes aussi responsables du déclin de la discipline parce que nous ne savons pas innover et organiser des courses pour l'important bataillon de ceux qui hésitent entre le loisir et la compétition.
Nous organisons toujours des courses comme il y a un demi siècle. Il n'y a pratiquement pas d'épreuves départementales parce que l'on est frileux : crainte de ne pas avoir assez de coureurs, crainte de ne pas intéresser un parraineur pour une course de sans grade... en conséquence celui qui prend une licence se retrouve tout de suite confronté à des coureurs chevronnés, et largué après
quelques kilomètres de course. Il va galérer en début de saison puis arrêter son activité assez rapidement. Il ne faut pas s'étonner alors que des fédérations affinitaires s'emparent de ce type d'épreuves.
Il serait d'ailleurs temps que tous ceux qui font du vélo se regroupent sous la même bannière au lieu d'appartenir à une bonne demi douzaine de chapelles et cet émiettement que l'on ne rencontre dans aucun autre sport est un important facteur de déclin.
Et que dire de la raréfaction des épreuves cadets et minimes qui obligent des parents a effectuer parfois plusieurs centaines de kilomètres pour déplacer leurs enfants. Il faut avoir une sacrée motivation quand le gamin termine loin des premiers, ce qui condamne pratiquement tout débutant à être bon.

Une autre approche de la compétition

La conception moderne de la saison cycliste est aussi une des raisons de la disparition d'épreuves. Un coureur régional est désormais bien préparé et se donne des objectifs. Il consacre un temps important à l'entraînement et un budget conséquent à la préparation matérielle.
Celui qui n'est plus en mesure de le faire pour raison familiale ou professionnelle va renoncer à son activité car il a du mal à suivre. Les coureurs sélectionnent leurs courses en fonction de la difficulté
de l'épreuve et de la qualité de l'organisation, c'est pour cela qu'un raté dans l'organisation risque d'être mortel pour une épreuve. Il me semble qu'ils soient également très versatiles et que d'une année sur l'autre une épreuve qui avait du succès peut connaître une grande désaffection.
La politique sportive va vers une professionnalisation de l'encadrement sportif. Actuellement comme beaucoup d'autres sports nous n'en avons pas les moyens tant que le budget de l'Etat pour le sport restera aussi ridiculement bas et comme les sponsors ou partenaires se dirigent vers la pratique médiatique (sport professionnel) les ressources sont insuffisantes pour avoir une approche moderne du sport, ce qui précipite encore sa disparition.
Nous ne sommes toutefois pas les plus mal lotis, notre sport se déroule sur le domaine public et va à la rencontre des spectateurs. Et les coureurs quand ils s'entrainent montrent leur maillot. C'est un bon argument de marqueting.

Ne renonçons pas

II y a encore sans doute bien d'autres raisons, si nous n'innovons pas nous disparaîtrons. Ce n'est pas un problème spécifiquement champardennais, mais on ne doit pas se réfugier derrière cette évidence. Il nous faut expérimenter, avoir de l'audace. Il ne faut pas avoir peur de l'échec.
Pour que le cyclisme sur route reprenne de la vigueur, allons porter notre expérience dans les écoles, adaptons nos organisations à la demande du moment et "professionalisons" (je n'aime pas ce mot) autant que faire se peut notre activité de dirigeant.
Cela passe aussi par une plus grande concertation lors de l'élaboration des calendriers afin d'adapter l'offra à la demande. Certes il n'est pas toujours facile de concilier les desideratas de
l'organisateur. En un mot adaptons le cyclisme au monde du 21ème siècle. Ce n'est pas une garantie de succès, mais c'est sans doute la clef pour continuer d'exister.


Jean Vautrin
23 octobre 2003

 

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