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dossiers la compétition le dopage - témoignages et articles

"Le dopage, oui ça continue!"…

(de Nicolas Guillon et J- François Quénet, Ed Solar, 2000)

Un peu de lecture sur le dopage ne fait jamais de mal…mais celle-ci est-elle vraiment essentielle? Tout dépend de ce que vous avez déjà appris sur le sujet. En effet, la prose parlant du dopage est plutôt abondante depuis 1998, date de "l'affaire Festina", et certains ont vite compris, ni plus ni moins, tout le profit qu'il y avait à écrire des livres sur la question.

Car franchement, le contenu de ce livre existe déjà…dans de précédentes parutions, mais sous la plume d'autres auteurs et de manière dispersée. Bref, on sent que les auteurs pressent le citron tant qu'il y a du jus…

D'ailleurs, une partie du livre me semble carrément abusive, c'est celle qui parle du "docteur Mabuse" (justement) pendant une trentaine de pages, pour en arriver à la conclusion qu'il n'y a rien de concret à reprocher à ce monsieur. De deux choses l'une: soit il n'y a vraiment rien à lui reprocher, et ce n'est pas la peine d'en dire aussi long à son sujet, soit il a fauté et on apporte des preuves. Mais insinuer à longueur de pages sans jamais rien pouvoir affirmer, c'est trop et c'est malhonnête, on finit par se dire que ça pourrait tomber sur n'importe qui…

Ces critiques mises à part, disons que celui qui n'a jamais lu grand chose sur les affaires de dopage actuelles en saura un peu plus à la fin quand même. Jérôme Chiotti préface le livre en expliquant qu'il se battra tout le temps contre le dopage parce qu'il n'est pas heureux de ne plus se doper, étant frustré de ne plus gagner au plus haut niveau.

L'ouvrage commence ensuite en disant que l'affaire Festina aurait pu être exploitée pour réaliser un procès général et salutaire du cyclisme dans son ensemble, mais que seules, quelques "brebis galeuses" ont été sacrifiées.

Il poursuit en notant que le Tour 99 se voulait propre, mais qu'il a été gagné à la moyenne record de 40,273km/h, que Lance Armstrong a été positif aux corticoïdes mais blanchi ensuite.

On nous relate ensuite l'épisode tumultueux des trois jours de la panne, où les policiers trouvent des amphétamines destinées à l'équipe Mapei, qui, selon les auteurs, sont utilisées comme stimulants pour aller s'entraîner, pour faire la fête et pour perdre du poids (effet anorexique…).

Vient alors le long chapitre traitant de Bernard Sainz alias "Docteur Mabuse", un homme filé depuis 9 mois et dont l'arrestation n'aboutira à …rien. Il semblerait qu'il soit plutôt adepte de traitements homéopathiques, de nettoyages de l'organisme à base de jeûne et de jus de raisin ou de radis noir, qu'il intervienne surtout pour aider des coureurs qui ne parviennent pas à se sortir du dopage (comme Thévenet vers le fin des années 70). Il a même traité François Mitterand, qui était un adepte des médecines parallèles.

Les auteurs rappellent ensuite quelques contradictions dans lesquelles s'empêtrent certains de nos dirigeants, comme Roger Legeay qui nie avoir pris des produits dopants durant sa carrière et qui a pourtant été pris aux amphétamines sur un Paris- Nice 1974. Idem pour Yves Hézard, Bernard Bourreau, Charly Bérard, tous dirigeants nationaux actuels et pris pour dopage au moins une fois durant leur carrière. En revanche, l'attitude de Daniel Baal est décrite comme intègre et courageuse, il bénéficiera d'ailleurs vite d'un non-lieu lors de sa mise en examen, mais restera marqué par le fait qu'on ait pu le soupçonner d'incitation au dopage. S'ensuit une réflexion sur le laxisme fédéral (mais Bruno Roussel, directeur sportif Festina, ne "chargera" pas la fédé lors de ses auditions), le manque d'indépendance des commissions de discipline, le laxisme des directeurs sportifs qui embauchent des coureurs ayant été pris positifs, le manque de moyens donnés par l' état à la lutte antidopage, les relations houleuses Baal- Verbruggen (ce dernier apparaissant comme rusé et avide de pouvoir).

L'affaire Brochard aux championnats du monde sur route 1997 est un peu le symbole de ces contradictions fédérales…

On souffre ensuite avec Christophe Bassons qui n'a pas supporté la mise à l'écart de la part de son équipe parce qu'il parlait trop librement du problème du dopage.

Le livre se poursuit avec une incursion dans les problèmes rencontrés par d'autres sports (mais la part belle revient quand même largement au cyclisme au final…). Il est question de hausse vertigineuse des performances en athlétisme depuis 1990, du pouvoir du vice de forme au foot avec l'affaire Dugarry, du problème de la créatine qui semble masquer un dopage bien plus lourd…

Puis on revient aux cyclistes, en citant notamment Pantani et ses variations d'hématocrite de plus de 20 points au cours d'une saison (!!!). Remarquez, il en est de même de la skieuse de fond Manuela Di Centa, passant allègrement de 38,7 à 55,5, grâce aux traitements du professeur Conconi (celui-là, il nous en aura fait avaler des couleuvres avec son test de décrochage du seuil anaérobie…). Ce chapitre est d'ailleurs l'occasion pour les auteurs de stigmatiser l'inertie administrative italienne, qui aboutit le plus souvent au classement sans suite des dossiers…d'autant que la justice fait souvent preuve de légèreté dans leur traitement, à se demander si elle ne recherche pas le vice de forme! Ce problème du vice de forme semble d'ailleurs être vraiment grave même en France…

Il est encore question de trafic de pots belges, et là on touche aux drogues dures. On apprend d'ailleurs que l'ardoisier du Tour a récemment été impliqué dans un trafic de ce type et licencié par la Société du Tour dans la plus grande discrétion.

Vers la fin du livre, quelques coureurs à l'évidence bourrés d' EPO sont cités, le problème c'est qu'ils peuvent la plupart du temps courir comme ils l'entendent, générant frustration et colère chez les coureurs propres.

Un petit chapitre sur la mascarade du championnat de France vtt de Vars (mais là, ce n'est pas de dopage mais d'arrangement financier dont il est question)…et un final qui montre que la fédé est en train de resserrer l'étau suite aux aveux de Jérôme Chiotti. Au moins ils auront servi à quelque chose.

Que dire de plus…lisez ce livre si vous ne savez pas grand chose sur les problèmes du dopage actuel. Mais sachez aussi que l'argent ira à deux journalistes qui, à part dénoncer le problème, ne font rien d'autre. L'argent facile vient parfois grâce au dopage. Il peut aussi venir de sa stigmatisation…

Jean Paul Stephan
10 mai 2001

 

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