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Dopage, dégage…même si c'est difficile.

La lutte antidopage est un domaine complexe. Vous voulez vous en persuader? Allez donc acheter le dernier N° de La France Cycliste (N° 2114 du 30 mars au 12 avril 2001). Dans cette édition il est question, page 12, d'une décision de la commission de discipline de la FFC qui avait à statuer sur le problème de l'administration de corticoïdes à Emmanuel MAGNIEN avant le Tour de France 2000. Cette injection a été pratiquée par le Dr Guillaume, médecin de l'équipe La Française des Jeux, en sachant qu'elle posait un problème au regard de la législation antidopage, mais en même temps en sachant que si elle n'était pas faite, la participation au Tour du coureur (qui a un réel problème d'allergie) était pratiquement impossible.

Ce qui est le plus intéressant, c'est de lire tout l'article pour prendre conscience du nombre de considérations qui entrent en jeu quand il s'agit d'analyser les responsabilités de chacun. Il y en a "cinq colonnes, écrit petit et sans image"! Une bonne leçon pour les adeptes des "y a qu'à"…rien n'est simple.

Quelques données encourageantes en page 13 aussi: tout d'abord, la modification du régime des sanctions pour un délit de dopage. La sanction minimale passe à deux ans (bravo!)…mais avec possibilité de la réduire en cas de "circonstances spécifiques et exceptionnelles dont l'appréciation est laissée aux organes de décision. En aucune manière, la sanction ne peut être réduite à moins du quart de la durée minimale." C'est le comité directeur de l'UCI qui a entériné cette décision.

En page 13, on trouve encore des données encourageantes sur les effets du SMLC (Suivi Médical Longitudinal Contrôlé) qui démontre une baisse sensible des problèmes d'hyperferritinémie chez les élites 1 et 2, idem en ce qui concerne le cortisol. La visée préventive du SMLC semble fonctionner, l'état sanitaire du peloton élite s'améliore actuellement.

Un bémol cependant, en ce qui concerne le nombre de contrôles (là on est dans la répression) qui a diminué depuis que leur réalisation a été confiée à l'état. Néanmoins, ces contrôles restent d'une grande utilité dans la mesure où ils empêchent rapidement la consommation des substances qu'ils détectent. C'est toujours ça. Ainsi, les amphétamines ont quasiment disparu de la circulation grâce à leur détection, alors qu'elles étaient le dopant le plus en vogue il y a vingt ans. Reste le problème des produits indétectables bien entendu.

Un peu plus loin, on trouve des réflexions sur le problème du rapport précoce à l'argent dans le cyclisme, un problème assez spécifique à ce sport visiblement, et dont peu de dirigeants ont vraiment conscience, comme le montre l'examen des réponses à la large réflexion lancée sur l'avenir du cyclisme dans les comités régionaux en 2000. Pourtant la proximité du problème de dopage et de celui de l'argent ne fait aucun doute.

Et puis, en ce qui concerne le Tour de France, on vient d'apprendre que la société du Tour (qui dépend d'Amaury Sport Organisation) vient de mettre en place 10 mesures pour combattre le fléau, et ce dès l'édition 2001 du Tour:

· Élaboration du code éthique, document de référence affirmant les valeurs, l'obligation de transparence de la compétition et les principes de lutte contre le dopage.

· Engagement de chaque équipe de respecter le code éthique et le règlement du Tour.

· Attestation sur l'honneur des coureurs d'en respecter les principes et les modalités.

· Délégation de deux ou trois médecins experts missionnés par l' UCI pendant toute la durée du Tour. Ils seront les interlocuteurs des équipes pour accord préalable en cas de prescription médicale de substances soumises à restriction.

· Troisième phase du suivi longitudinal programmée à Dunkerque dans les jours précédant le départ.

· Contrôles antidopage quotidiens sur 10 coureurs (systématiquement, le vainqueur de l'étape et les 3 premiers du classement général) sur la base de tests validés et récents. Maintien des contrôles sanguins inopinés.

· Mise à disposition d'une organisation logistique pour les contrôles quotidiens et la réception rapide des résultats, sous 72 heures.

· Partenariat de recherche avec plusieurs laboratoires du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) pour un programme de trois ans sous l'autorité d'un conseil scientifique dirigé par le Pr Roland JOUVENT.

· Sensibilisation de l'ensemble des coureurs du Tour. Une session placée sous l'autorité d'un biologiste (Alain astié), d'un médecin du sport (Dr Christian bénézis), pour informer les coureurs des risques du dopage, avant le départ de l'épreuve.

· Campagne de prévention à destination des jeunes cyclistes (dans le cadre des centres de formation cofinancés par le Tour de France) et d'un public plus large. Spots de prévention avec France Télévision.

Bien sûr, ces annonces et initiatives ne vont pas régler le problème d'un coup de baguette magique. Mais nous devons avoir conscience d'une chose, c'est qu'un fléau comme le dopage ne se maîtrise que si la force de ceux qui veulent lutter contre est supérieure à la force de ceux qui en tirent profit. En fait, chacun peut faire quelque chose à son niveau. J'entends quelque chose de constructif, car se plaindre et répandre des rumeurs n'a jamais fait avancer la lutte. On peut parler aux jeunes des dangers, acheter un livre à faire tourner dans un club, organiser des sorties d'entraînement bien pensées pour donner des connaissances (qui sont autant d'outils pour éviter les déviances), éduquer les jeunes au fair-play et à l'acceptation de leurs limites, leur demander de faire des affiches, des textes…sur le dopage. N'oublions pas que les jeunes sont "partants" pour la plupart des projets qu'on leur propose, s'ils ressentent du dynamisme et une bonne cause. Ne les décevons pas!

Jean Paul Stephan
10 avril 2001

 

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